Very Bad Yoga Posture-Imposture ?
Il est dommage que ce podcast néanmoins intéressant ( reste tout de même superficiel et factuel..) fasse l'impasse sur le fait économique du yoga. Le yoga actuellement est devenu une "target" pour quelques gros investisseurs qui y voient un très bon rapport de retour sur investissement. On voit depuis quelques mois les gros studios et les grosses structures "sport-Bien être" se livrer une guerre commerciale intense.
D'un côté on casse les prix, et de l'autre on fait des investissements importants sur les infrastructures. Le but étant de s'emparer du marché, de liquider toute concurrence et de faire comme les supermarchés à l'époque , c'est à dire anéantir toutes les petites structures indépendantes comme la nôtre. Le retour sur investissement oblige les gros studios à toujours plus se développer, c'est la logique d'un système qui condamne à la fuite en avant à l'accroissement sans limite. Logique de l'accroissement continuel qui transforme les pratiquant.e.s de yoga à devenir consommateurs.
La qualité n'est plus une question d'engagement mais à celle d'une satisfaction immédiate non plus du pratiquant.e de yoga mais au consommateur de yoga. Ce phénomène d' Ubérisation est un piège à plusieurs facettes.. On parle très peu de la situation économique de certain.e.s prof de yoga qui doivent pour survivre enchaîner un nombre incroyable de prestations. Quand on gagne 35, 40, 50€ de l'heure sur facture, comptez le nombre de cours nécessaire pour simplement survivre. Le calcul est vite fait... Pour éviter la sur-chauffe, le Burn Out, j'imagine aisément que les cours en deviennent "répétitifs" et mécaniques.. Certains styles de yoga "fitness" s'y prêtent davantage, séquences faciles et répétitives qui par pur aspect commercial en deviennent insipides et anonymes. On est dans une logique où on doit plaire à la clientèle et non plus dans un enseignement qui peut remettre en question, bousculer...
Le yoga devient un espace qui oscille entre espace occupationnel de détente et pseudo développement personnel. L'individu est continuellement détourné vers l'extérieur de soi. On lui vend des supers tapis, des supers gourdes, des supers leggings, des supers machins qui détournent continuellement de l'attention à soi. L'ennui et le silence propre à toute recherche vers n'y sont pas tolérée... Ca doit rouler, choix vaste de cours , de styles, etc... Cette diversité apparente cache la réalité d'une uniformisation-standardisation mondiale. Elle cache le poison d'une pratique devenue référence "mainstream" , c'est à dire sous un aspect cool et coloré, elle est un réel danger pour la démocratie et cache une véritable misère sociale. Celle de tous ces "profs" au bord du "Burn out", victimes de leurs propres limites physiques, celles de tous ces "consommateurs-pratiquants" qui à force d'être trompé.e.s, blessé.e.s vont se détourner de la pratique.
Tout le monde ne peut être conforme au critère de minceur, souplesse, et de ce bonheur niais affichés par certains modèles de "profs idéaux de yoga" qui pour fonctionner dans ce marketing de dupe acceptent de "se" vendre du rêve. Nous sommes donc dans un "mini-star system" qui va créer de plus en plus de "laisser pour compte" et qui balaie de côté celle et ceux qui refusent de jouer à ce jeu. S'agit il de former des supers héros, ou de croire à l'illusion magique que le yoga transforme en "super Héros" ou d'essayer d'emmener la;le pratiquant.e.s vers un chemin de libération de soi..Ce petit soi si tyrannique.
Récemment un de ces gros studio à Bruxelles, dont je ne citerais pas le nom, colporte et transmet à qui veut l'entendre que nous sommes des "intégristes" du yoga. D'un point de vue strictement commercial, cela nous fait mal mais en même temps nous conforte dans nos choix de rester petit, non commercial et soucieux de nos élèves. En voulant "liquider" les petites structures comme la nôtre par une guerre purement capitaliste, les gros risquent de se couper d'endroits où on peut encore créer, inventer, explorer...